Biblioteca ISCPSI


Analítico de Periódico


LIPSKY, Michael
La bureaucratie de proximité / Michael Lipsky
Les Cahiers de la sécurité intérieure, Paris, nº 44, (Deuxième Trimestre, 2001), p. 227-256




Présentation du texte de Michael Lipsky
lorsque, en 1980, M. Lipsky publie son .Street- leveI Bureaucracy : dilemmas of the individual in public services ., Ia sociologie des organisations américaine paraissait avoir tout dit sur les organisations bureaucratiques, leurs fonctionnements, dysfonctionnements et autres cercles vicieux. Au croisement des traductions en langue anglaise des travaux pionniers de M. Weber et R. Michels, et des amples analyses empiriques de A. Gouldner, Ph. Sefznick et autres M. Dalton, que M. Crozier popularise en France dans sa these ( « Le phénomene bureaucratique ., 1964 ), s' était développée une analyse organisationnel/e impressionnante par sa fécondité propre et les applications auxquelles elle donnait naissance, de I'analyse des structures de Ia grande entreprise industrielle telle que Ia mene A. D.Jr Chandler dans le champ de la pensée économique jusqu'à I'analyse des processus de changement, et de résistance au , changement, ou s'illustre I'analyse stratégique , développée par fe même M. Crozier. Dans ce champ qui semble déjà bien exploré et entièrement balisé, M. Lipsky va cependant apporter du nouveau, et ouvrir un pan entier de recherches, en déplaçant I'angle d'observation. II ne s'intéresse guère, en effet (au moins à première vue) au fonctionnement de I'organisation dans son ensemble, à I'agencement des organigrammes et au décryptage des règles et prescriptions qui dictent les rapports
jnternes des différents segments, njveaux, emplois qui Ia composent. Son objet est en apparence beau- coup plus mince : Ia .street leveI bureaucracy., c'est Ia bureaucratie du coin de Ia rue, celle du guichet, du comptoir, de Ia pointe extrême de I'organisation, celle qui, tout en bas de Ia pyramide hiérarchique, est au contact du public, cljent, assujetti, ayant droit. Bref, cette microscopique part de I'organisation qui en réalise concrètement Ia prestation finale. Dans un premier temps, bien sur, cette attention portée aux soutes, et aux soutiers, des grands vaisseaux bureaucratiques ale mérite incomparable de rappeler I'évidence. Les assurances sociales, I' école ou Ia police ne sont pas tant faites pour occuper leurs dirigeants que pour produire des biens, services, prestations d'au tant plus essentiels qu'ils s'adressent au premier chef à des populations démunies. Et plus encore, les grandes stratégies élaborées au sommet, et entourées d'une vaste publicité, ne sont en pratique que ce que vont en faire, dans I'inter- face singulier du comptoir ou du guichet, I'agent de base, le préposé, le gardien de Ia paix, le travailleur social, I'instituteur. Et on sait, Lipsky I'illustre mieux que personne, qu'entre ces deux niveaux Ia distance peut être infinie. Mais dans cette voie, le contresens menace constamment. À trop marquer cette distance, Ia récrimination de I'usager, comme Ia superbe du dirigeant, produisent Ia même occultation des processus organisationnels que M. Lipsky au contraire va mettre à jour. II ne suffit pas en effet, pour améliorer Ia prestation des agences, de viser Ia qualité de Ia relation avec le public, que I'on traitera en termes d'aménagement des locaux et de formation des préposés à I'accueil. If n'est pas indifférent que les locaux soient propres, et que les files d'attente, matérialisées, minimisent les occasions de conflit et de passe- droits. Mais, architecture, décoration et aménagements physiques atteignent vite leurs limites. Et ce n'est pas -au-delà de ces pré-requis indispensables -des seules bonne volonté, ou bonne formation des agents de base qu'il s'agit. C'est de proche en proche, de Ia charge de travail individuelle à Ia répartition des tâches, spécialisation, hiérarchisation, modalités de contrôle et de sanction, qu'il s'agit : .Quelle que soit fa bonne volonté des agents, les conditions de travail interdisent parfois une adaptation effective du service. Ceux-ci se trouvent alors, au mieux, ...